Groupe Rissois d'Histoire Locale. Association "loi 1901"
19 Février 2023
Par la gazette municipale nous apprenons qu'un transport fluvial sera mis en place, d'ici un an, entre Juvisy et Soisy-Sur-Seine avec arrêt à Ris-Orangis.
Un "coche d'eau" existait autrefois entre Paris et Corbeil avec étape à Ris-Orangis.
Nous vous proposons un petit rappel historique.
Au Moyen Âge, un bateau noir à fond plat – une coche d’eau – faisait la navette entre Paris et Corbeil, plus précisément au port de Corbeil-Essonnes, pour apporter des denrées comme les céréales et le vin, du bois et des matériaux de construction.
Ce bateau était appelé corbeillard ou corbillac, du nom donc de leur provenance. Lors des grandes épidémies de peste il servit à évacuer les morts de Paris et le terme déformé par les Parisiens en corbillard, resta pour nommer un véhicule funéraire.
Il y avait alors deux ports à Ris-Orangis.
Le premier appelé « port de La Borde » se situait au débouché de l'actuelle rue Edmond Bonté, approximativement à l'entrée du pont actuel.
Le deuxième situé à La Briqueterie (Grand-Bourg), au bas de la rue de l'Écorne bœuf, servait surtout à charger les pierres (principalement de la meulière) qui venaient des carrières exploitées par la famille Ordener , sur le Plateau entre Evry et Ris-Orangis.
Quand on était un Parisien, sous l’Ancien Régime, les petites virées hebdomadaires pour prendre une journée au frais, loin des turpitudes de la capitale, étaient déjà une réalité. Pour des raisons récréatives ou professionnelles, des milliers de Parisiens empruntaient chaque semaine la galiote (ou coche d’eau) – grand bateau d’une capacité de 100 personnes – pour suivre le cours de la Seine et rejoindre différents villes et villages situés en amont ou en aval du fleuve. Pour assurer ce transport de masse, il existait ainsi un « service public » de voyageurs par voie fluviale qui possédait une flotte d’une dizaine de bateaux, depuis 1539.
L’entreprise générale des coches d’eau dépendait, au XVIIIe siècle, de la ferme des diligences royales et fonctionnait avec une parfaite régularité (et quasiment sans retard !). Si le prix du billet de voyage variait selon la distance parcourue, celui-ci était en général relativement bon marché, rendant ce service tout à fait accessible à la plupart des parisiens : comptez, par exemple, seulement sept sols (une somme très modeste pour l’époque) pour rejoindre l’aimable village de Sèvres, à la fin du XVIIIe siècle. Le bateau partait à 8 heures du Pont-royal et revenait le soir. En 1787, le témoignage d’un usager de cette galiote raconte sa satisfaite excursion : « Le dimanche 3 juin, nous sommes partis de Paris à huit heures du matin sur la galiote. Après une heureuse navigation de deux heures, nous avons débarqué au pont de Sève (Sèvres). Cette galiote, que l’on appelle aussi coche d’eau, n’est autre chose qu’un grand bateau couvert, qui contient, dans l’intérieur et sur le pont, des gens de toute sorte, car il n’en coûte que sept sols pour faire deux lieues… » Quant aux conditions de voyage, celles-ci n’avaient rien à envier à nos transports contemporains, bien au contraire… Si les voyages duraient en général plusieurs heures, les bénéficiaires de ce service avaient l’agrément de contempler, à l’aise, les bords fleuris de la Seine ; un privilège que ne renieraient pas les usagers du métro au XXIe siècle…
Un voyage sur la Seine
Un poème anonyme de 1619 dédié au seigneur de Soisy-sur-Seine renferme ces quatre vers :
« La belle rivière de Seine
Qui maine à Paris et ramaine
Avec le fameux Corbillac
Et ses amis sur le tillac ...»
Il fallait une petite journée pour aller de Corbeil à Paris ; de fréquentes escales coupaient le voyage. La principale station était à Villeneuve-Saint-Georges où le bateau abordait. Des pâtissiers apportaient des gâteaux aux passagers.
Le coche partait de Corbeil le mardi et le vendredi à 9 heures du matin et arrivait à Paris entre 2 et 3 heures de l'après-midi. Il repartait de Paris au Port Saint-Bernard le mercredi et le samedi de chaque semaine à 10 heures du matin pour arriver à Corbeil entre 5 heures et 6 heures du soir.
A Corbeil, l'embarquement se faisait au Tremblay et le prix du trajet était de un franc quarante centimes, par personne.
Le Corbillat cessa de fonctionner probablement en 1807; mais il n'était pas le seul à sillonner la Seine; toutes les villes situées en amont sur le fleuve, avaient aussi leur coche qui passaient à Corbeil et Ris-Orangis à des jours fixes, qui s'arrêtaient et y prenait des voyageurs.
En 1838, à la veille de la mise en service de la voie ferrée entre Paris et Corbeil, on estimait le trafic des voyageurs sur la Seine à 200 000 voyageurs par an.
Ainsi, pendant des siècles, la Seine fut, pour les habitants qui résidaient sur le parcours, la principale voie de communication qui les reliait à Paris
Bateaux touristiques passant sous le pont métallique de Ris-Orangis - Un autre à Paris accosté à un bateau-lavoir.
En 2011, à la demande de Daniel ROUILLER, président de l'Association ASA, le GRHL a présenté un diaporama sur les voies de communication:
Les conférenciers furent :
Pour le rail : Éric BARDOCHAN
Pour le Seine : Jean Pierre VALJENT
Pour la route : Jean Pierre VINCHON
Nous vous proposons de télécharger gratuitement le diaporama de cette conférence sans les commentaires malheureusement, car ceux-ci étaient fait en direct mais n'ont pas été enregistrés.
Sources :
Musée de la Batellerie à Conflans-Sainte-Honorine
Archives du GRHL.
Corbeil et Essonne de Georges MICHEL (collection Éric BARDOCHAN)
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