Groupe Rissois d'Histoire Locale. Association "loi 1901"
30 Novembre 2021
Cette revue qui fut la deuxième publiée par le GRHL a été conçue par Hélène Martin pour les recherches dans les archives et par Jean Pierre Vinchon pour la mise en page.
Nous avons décidé de publier cette revue, aujourd'hui épuisée, dans son intégralité, accompagnée de visuels supplémentaires ci-dessous. Vous pouvez aussi télécharger gratuitement la revue originelle en fin d'article.
Téléchargez gratuitement la Revue N° 2 Fontaines, lavoirs et bains-douches - Format PDF
Longtemps la lessive s'est faite au bord de la rivière sur une pierre inclinée ou une simple planche et sans abri. A la fin du 18ème siècle un besoin d'hygiène croissant se fait sentir en réaction de la pollution industrielle et des épidémies ont vues les premières constructions de lavoirs. Cela s'est accentué avec la loi du 3 Février 1851 qui vote un crédit spécial pour subventionner à hauteur de 30 % la construction des lavoirs. Certains confèrent au lavoir l’allure d’un petit temple où s’incarne la part des lavandières elles-mêmes dont la tâche répétitive et souvent épuisante se trouve valorisée, presque sacralisée, par un édifice remarquable.
Témoins des grands et petits moments de nos villages, les lavoirs évoquent le souvenir d'une époque révolue et rappellent le dur labeur de nos grands-mères. Le Lavoir est un lieu éminemment social dans chaque village. C'est l'endroit ou les femmes se retrouvaient une fois par semaine ou plus et ou l'on échangeait toutes les dernières nouvelles du village voir de la région. On y chantait : Tous les jours moins le dimanche on entend le gai battoir, battre la lessive blanche dans l'eau limpide du lavoir Refrain d'une chanson de Pierre Dupont (1848)
L'utilisation des lavoirs a été progressivement abandonnée au XXe siècle. Le lavoir a laissé la place à la machine à laver, bien plus pratique à partir de 1950. Qui se souvient des lavandières ? Désormais dans les lavoirs désertés, il n'y a plus que le bruit de l'eau. Elle chantonne dans le volume, sans plus jamais être tressé de voix et de regards, elle court de bac en bac, limpide, et n'emporte plus de traînées savonneuses.
Fabrication d'un savon "comme grand-mère" Ingrédients : Un demi verre d'eau, un verre de suif de bœuf, deux cuillères à soupe de cristaux de soude Immerger lentement les cristaux de soude à chauffer. Faire ramollir le suif. Mélanger et battre jusqu'à obtenir une crème homogène. Verser dans un récipient et couvrir d'un carton. Démouler après une journée puis laisser durcir deux à trois semaines.
La lessive se faisait à la cendre de bois, celle de chêne et de châtaignier était évitée car leur forte teneur en tanin pouvait tacher le linge. Des boules de bleu plongées dans l'eau de rinçage rendaient le linge d'un blanc étincelant. Des racines de saponaire jouaient le rôle d'assouplissant. Parfois des rhizomes d'iris servaient à parfumer la lessive.
Une fontaine c’est d’abord le lieu d’une source, « Eau vive qui sort de terre » selon le premier dictionnaire de l’Académie française. C’est le cas de la mythique Fontaine de Jouvence.
La fontaine est aussi la construction faite pour recueillir l’eau jaillissant d’une source ou amenée, sous pression ou par gravité, par un conduit.(« Fontaine, se dit aussi, de tout le corps d’architecture, qui sert pour l’écoulement, pour l’ornement, pour le jeu des eaux d’une fontaine ».
La fontaine a aussi désigné le « vaisseau de cuivre ou de quelque métal, où l’on garde de l’eau dans les maisons », ou encore le robinet de cuivre par où coule l’eau d’une fontaine, ou le vin d’un tonneau, ou quel qu'autre liqueur que ce soit… par exemple dans les expressions anciennes « Tournez la fontaine » ou « la fontaine d’un muids ».
Le mot a enfin parfois été synonyme de « fonds », (Fonds baptismaux) pour le « grand vaisseau de pierre ou de marbre, où l’on conserve l’eau dont on a coutume de baptiser ». Le fontenier, ou « Maistre fontenier » ou fontainier était celui qui avait pour charge d’entretenir les fontaines.
La fréquence du mot « fontaine » dans les noms de villes et lieux-dits montre l’importance de l’accès à l’eau dans l’histoire humaine.
Comme partout ailleurs en France, il existait à Ris plusieurs fontaines réparties le long de la route royale (RN7), recevant les « eaux de la Montagne » (le haut de la côte vers Corbeil) par des canalisations de fonte, dont une adossée au mur de la Mairie et une autre dans la côte venant de Corbeil).
Il y a deux points d'eau dont la mémoire est conservée dans les archives municipales. Il s'agit d'une part de la fontaine Saint-Blaise et du lavoir Quatrehomme avec la séparation de leurs eaux ; et d'autre part du lavoir public et de l'écoulement de ses eaux savonneuses dans le Clos Lacoste.
La fontaine à tête de lion était située sur la façade d'une maison , à l'angle de la rue de la Fontaine et de la Route nationale 7
Les eaux sont dites "les eaux de la montagne". Elles suivent la pente de la route Royale et la pente du côteau. Elles se déversent dans la fontaine Saint-Blaise, puis dans les lavoirs et abreuvoirs Quatrehomme (auberge du Cheval Blanc). Puis elles traversent la route Royale et diverses propriétés par des canalisations en fonte. Elles arrivent au lavoir, puis traversent la rue de la Borde par une canalisation de fonte et se perdent dans la mare du Clos Lacoste. Cette eau donne lieu à des détournements et à des souillures.
L'action, qui se déroule sur tout le 19ème siècle, se situe dans le cœur du village, de la route Royale à la rue de la Borde (rue Aguado). Le lavoir de Ris à la particularité de se situer en plein village sans cours d'eau naturel pour l'alimenter. Il est entouré de maisons et de jardins, dans la partie basse de la commune : c'est-à-dire là où le courant se ralentit. Cela a son importance dans l'histoire, tout comme le fait que des fermes sont installées dans la côte de la route Royale et aussi que le 19ème siècle ignore la beauté de l'égout étanche, contrairement à l'antiquité. En témoigne la maison gallo-romain fouillée en 1986 à l'angle de la RN7 et de la rue Jean Jaurès. Un égout construit en pierres plates et des moellons pourvoyaient à son assainissement. Signalons aussi que les archéologues ont retrouvé dans les villes antiques du pourtour de la Méditerranée des réseaux d'adduction d'eau et d'égouts bien conservés.
L'existence du lavoir public de la rue de la Borde est évoquée depuis l'époque de la Révolution dans les registres des Délibérations du Conseil Municipal.
Les Délibérations des 7 ventôses an II (25 février 1794 ) et 21 fructidor an X (8 septembre 1802) portent sur des réparations.
Des riverains détournent les eaux pour leur usage personnel:
"le sieur Picard a fait une tranchée en meulière qui prend naissance dans le conduit ordinaire des eaux de la fontaine pour les amener dans un trou derrière son batiment..." n'arrive plus à la fontaine "qu'une eau sale et bourbeuse dont on ne pouvait faire usage"
(20 messidor an XIII ou 9 juillet 1805).
La question récurente de l'écoulement des eaux issues issues du lavoir est déjà évoquée: "le Conseil, sur la proposition d'un membre considérant que depuis que les réparations ont été faites au lavoir public, qu'il n'y vient plus d'eau qu'il n'est reconnu, qu'elles sont arrêtées et perdues dans la propriété du citoyen Bezault qui est obligé de les conduire hors les murs de sa propriété attendu qu'il ne fait pas réparer malgré qu'il a plusieurs fois promis sur l'invitation qui lui en a été faite plusieurs fois, arrête qu'il autorise le Maire à le poursuivre et pour ce demande l'autorisation au Préfet..."
En 1810, des réparations sont encore nécessaires. Le 12 mai, "plusieurs habitants ayant représenté dans une pétition que les eaux du lavoir étaient croupies par défaut d'écoulement et en filtrant au travers des terres empoisonnent leurs puits", le Conseil "a demandé l'autorisation nécessaire pour faire les réparations convenables".
Et encore en 1815, « une partie des eaux a été envahie par des particuliers ». « Les eaux sont devenues sales, boueuses et mauvaises. Il en manque à la fontaine, et plus du tout au lavoir ». Ce qui « prive les habitants d’un objet de première nécessité ». Un devis est demandé à Mr Longuet, entrepreneur, pour des réparations pour l’église d’une part, la fontaine et le lavoir d’autre part.
Enfin, en 1818, le Conseil vote des travaux de réparation pour l’église et le lavoir public.
Tant et si bien que le dimanche 14 mai 1820, le Conseil se réunit à l’issue de la messe. Le Maire soumet à l’Assemblée un devis pour des réparations sur le lavoir. « L’Assemblée considérant que ce lavoir est inutile pour ne pas dire nuisible à la salubrité, a arrêté que la réparation onéreuse et considérée inutile sur la proximité de la Seine et les réservoirs d’eau qui se trouvent dans presque tous les jardins qui circonviennent le dit lavoir, arrête qu’il demande à être autorisé à le détruire, à vendre le terrain, les matériaux en provenant , pour les fonds à être employés à des travaux d’urgence… », demande « l’autorisation de vendre ou louer le cours d’eau qui sert actuellement au lavoir. »
Mais suite aux lenteurs de Mr Morizet, architecte chargé par le sous-Préfet de mener une enquête « commodo-incommodo » et aux erreurs dans la procédure administrative qui conduisent à l’absence d’autorisation royale de vendre, le sous-Préfet, dans une lettre au Maire du 15 avril 1821, préconise la réparation du lavoir, étant indispensable à une majorité de la population qui n’a pas de point d’eau à domicile ; conseille des travaux de raccord à l’égout, un impôt extraordinaire prélevé sur les gros contribuables (qui préfèreraient vendre le lavoir, puisqu’ils ont des installations à domicile !).
À droite de la photo on voit les deux lavoirs très proches l'un de l'autre, l'ancien (qui sera détruit) et le nouveau qui perdurera jusque dans les années 1960.
En 1823, le sous-Préfet renforce sa décision par divers courriers au Maire de Ris tout en préconisant un moyen technique d’évacuation des eaux usées du lavoir. Le 4 avril : il ordonne de faire réparer le lavoir, objet d’intérêt général, « une foule d’habitants demande le maintien et la restauration » du lavoir. Il propose de canaliser les eaux sales du lavoir vers « l’égoût public existant au Clos Lacoste », pour économiser les frais de réparation.
Le 5 septembre, il rappelle qu’une servitude « oblige Mr Lacoste à recevoir toutes les eaux du pays ». Face au lavoir, les eaux passent en souterrain sous la rue de la Borde puis vont dans le Clos Lacoste. Donc il faudrait « faire conduire les eaux du lavoir public à l’égoût existant dans le Clos de Mr Lacoste ».
Mais le 21 septembre, le Conseil se réunit et répond au sous-Préfet :
- ... que les eaux du lavoir vont bien à l’égoût sous la rue de la Borde
- que Mr Lacoste n’a pas de servitude et n’en veut pas ! En effet son titre de propriété datée du 18 fructidor an IX (5 septembre 1801) décrit : « une pièce de luzerne à la suite du potager…une entrée entourée de murs…une mare qui reçoit les eaux pluviales ».
- le Conseil persiste à demander l’autorisation de vendre le lavoir.
Dans une lettre du 23 septembre, le Préfet écrit au sous-Préfet qu’il rejette la demande du Conseil de Ris de vendre le lavoir pour manque d’argumentation.
Dans le Clos Lacoste, la mare recueillant les eaux pluviales va devenir au fil du temps un égout public qui reçoit les eaux sales du lavoir, lesquelles détruisent les récoltes potagères et fruitières. Le problème s’aggrave avec l’accroissement de la population. Mais pour l’heure, cette question reste en sommeil. Le Clos est vendu à Mr Bourdon en 1828, puis à Mme Paillette en 1831 et au Général Garraube en 1846. La pugnacité du Général va ramener la question de l’égout au Clos Lacoste sur le devant de la scène comme nous le verrons plus loin.
Le 27 mars 1837, une pétition de Mr Battiez signale que les eaux du lavoir s’infiltrent dans la cave de sa maison située contre le lavoir.
En 1846, s’élaborent les projets de construire un nouveau lavoir d’une part, et d’autre part de partager les eaux de la montagne à la fontaine Saint Blaise entre Mme Quatrehomme et la commune. Un premier projet situé sur la place de la Croix (place A. Daudet, aujourd'hui), ne sera pas retenu.
Pour la construction du nouveau lavoir, la Commune va procéder à un échange de terrain avec Mr Hilaire. L’acte notarié daté des 20 et 21 avril 1850 fait état d’un échange de terrain entre la Commune et Mr Hilaire qui cède un coin de cour pour le nouveau lavoir sis au coin de la ruelle du Paon et de la rue du Pont Aguado de même taille que celle de l’ancien lavoir dont le terrain est cédé à Mr Hilaire, plus 200Fr d’indemnités pour valeur des arbres et vignes plantées à l’endroit du futur lavoir.
Un devis avait été établi en 1849 :
- un lavoir couvert avec borne fontaine en pierre
- dans le jardin de Mr Hilaire seront un conduit et un puisard pour le trop plein du lavoir
- dans la ruelle du Paon seront deux cabinets d’aisance
- pour augmenter le volume des eaux seront creusées des tranchées dans la partie supérieure de la montagne et près des vignes
- canalisations diverses
- distribution des eaux par deux auges de métal
- borne à bouton pression à la fontaine Saint Blaise.
Ce devis prévoit aussi des travaux à la fontaine Saint-Blaise, suite au partage des eaux :
- la commune en paiera les 3/7ème
- Mme Quatrehomme les 4/7ème.
L’acte notarié des 16, 18 et 20 septembre 1849 décrit : une source s’écoule par des conduites municipales jusqu’à la fontaine Saint Blaise (publique) située sur le bord de la route Royale et adossée à la propriété de Mr. Donné, elle-même voisine de l’Auberge du Cheval Blanc, appartenant à Mme veuve Quatrehomme. Cette fontaine est pourvue d’un robinet avec bassin en pierre., l'eau s'écoule par la gueule ouverte d'une tête de lion.
Son trop plein est dirigé par une conduite souterraine qui passe sous la propriété de Mr Donné, arrive dans la cour de Mme Quatrehomme et alimente un lavoir et un abreuvoir. Les trop pleins du lavoir vont dans l’abreuvoir puis dans un caniveau souterrain qui traverse la grand route puis les propriétés Petel, Quihiou, Grue et débouchent dans la ruelle du Paon.
Les eaux de vidange des dits lavoir et abreuvoir Quatrehomme passent sous la grand route et les propriétés Hervieux et Henri et débouchent dans la ruelle du Paon, près de la rue de la Borde. La division des eaux se fera dans un réservoir à construire
Ris, en ce 19eme siècle, est une petite commune rurale d’un peu plus de 800 habitants. Les rues du village se concentrent autour de la route Royale et de la rue de la Borde (rebaptisée rue du Pont Aguado vers 1850) : maisons de villes et jardins, propriétés avec vergers et potagers, fermes avec bestiaux, vignes sur le côteau, pleins champs sur le Plateau.
Dans la descente de la route Royale, une canalisation amène les eaux de la montagne jusqu’à la fontaine Saint Blaise. Ces eaux ont été analysées par le pharmacien N. Boucher de Corbeil qui écrit : « …pour que cette eau soit utilisable, il faut empêcher les liquides des étables d’y arriver puisque ces liquides nuisent à un produit qui doit servir au blanchissage et de boisson à l’homme. »(12 août 1852).
Le Conseil municipal délibère le 13 février 1853 :
« Les eaux de la Commune sont souillées par les infiltrations des eaux ménagères (pierres à évier), les puisards, les urines de vache, les jus de fumiers. Des travaux sont exigés chez les propriétaires suivants : François, Gallier, Fortel, Budin, Paul, Donné.
Suite à la loi sur l’assainissement des logements des 19 janvier, 7 mars et 13 avril 1850 ;
Suite aux analyses de l’eau ;
Obligation aux propriétaires (cités sis-dessus) de supprimer les risques d’infiltration, d’enlever tout animal des cours et terrains où les urines et jus de fumier pourraient s’infiltrer;
Obligation à Mme veuve François de permettre à son locataire de déménager ses bestiaux ;
Obligation de retirer les terres imbibées d’urine, de supprimer les puisards dans sa cour
Demande au sous-Préfet de faire venir la commission d’hygiène du canton de Corbeil
La surveillance de la propreté des cours est confiée à l’appariteur de la Commune, lequel dressera les procès verbaux contre les délinquants. »
Le Général Garraube (Pourvu de la Légion d’Honneur) avait acheté le Clos Lacoste à Mme veuve Paillette en 1846. Neuf ans plus tard, en 1855, le Général commence une très abondante correspondance avec la Mairie au sujet de la trop grande quantité d’eau qui s’écoule dans son jardin malgré le grand puisard qu’il a fait construire . Il menace de faire boucher le tuyau de conduite qui amène l’eau du lavoir chez lui. Le Maire lui répond : « Vous paraissez croire que la Commune ne tient que de votre consentement et de votre tolérance le droit de déverser ses eaux sur votre terrain. Vous faites erreur. La Commune a un droit sérieux, certain et dont elle jouit depuis très longtemps. Ce n’est pas seulement parce qu’elle a fait reconstruire il y a quelques années son lavoir, qu’elle a établi les tuyaux qui conduisent les eaux sur votre propriété. Ces tuyaux existaient depuis…40 ans. Ils servaient…ils servent aujourd’hui à un lavoir qui était la propriété de la Commune et que mon père comme Maire vers 1820, a fait réparer. Il n’a été apporté aucune aggravation à la servitude existante en faveur de la Commune…La jouissance est aujourd’hui un fait acquis pour elle. »
Le Général, dans un nouveau courrier, veut bien reconnaître l’existence de la servitude.
Dans une lettre au Général datée 29 mai 1855, le Maire retrace l’historique : la séparation des eaux entre la Commune et Mme Quatrehomme, la reconstruction du lavoir, et c’est vrai, l’opposition de Mme Paillette à voir s’écouler les eaux dans le clos.
Alors, par courrier du 9 juillet 1855, le Général Garraube notifie son intention de saisir les tribunaux aux motifs suivants :
- l’insalubrité du lavoir provoque des odeurs fétides.
- les eaux sales détruisent les racines des arbres fruitiers.
- les voisins deviennent menaçants car les récoltes se perdent.
- enfin, des tuyaux anciens et rouillés ont été retrouvés dans le Clos. Mais le Maire lui répond qu’il « fait erreur ».
Le Préfet propose un arrangement : faire passer un tuyau en tôle du lavoir à la Seine(sur 600 mètres) pour un coût de 4200 Fr répartis par moitié entre Mr Garraube et la Commune.
Le Général maintient sa plainte. Dans un long extrait du registre des Délibérations du 15 juin 1856, le Conseil retrace tout l’historique de cette servitude depuis le début du siècle. Il rappelle qu’en 1845, Mr Paillette avait déjà demander à la Commune de faire cesser l’écoulement des « eaux grasses et savonneuses qui détruisent les plantes et arbres par infiltration ». En 1846, il y eut une action au Tribunal de Grande Instance de Corbeil contre la Commune « afin qu’elle soit tenue de faire cesser immédiatement et absolument l’écoulement pratiqué », des dommages et intérêts d’un montant de 6000 Fr lui sont demandés.
Le Conseil répond également ceci : « pour les eaux de source qui coulent de la montagne, la Commune n’y est pour rien, que le Général fasse procès à l’Etat la Commune va établir qu’elle a le droit de déverser les eaux du lavoir dans le Clos Lacoste. le Conseil fait remarquer au Préfet les difficultés des communes à produire des justificatifs de propriété, droits, servitudes, etc… pour des raisons de changement de gouvernements, d’administrations municipales mobiles et souvent renouvelées, des déplacements fréquents des mairies, d’absence d’ordre dans les archives, d’administrateurs incompétents ».
« Donc on cherche l’acte constitutif. Et même si on ne le trouve pas, la Commune ne devrait pas moins être maintenue dans son droit, comme l’ayant acquis par la prescription ».
Suit un rappelle du trajet des eaux depuis les sources, la fontaine Saint-Blaise, le lavoir Quatrehomme, le lavoir public, le Clos Lacoste.
En conclusion, cette servitude au caractère continu et apparent est un fait de notoriété selon article 690 du code Napoléon. Ces signes extérieurs de servitude étaient connus des propriétaires successifs, jurisprudence en ce sens à été prononcée par différents tribunaux (article 689).
Premier projet pour remplacer l'ancien lavoir dans la rue Aguado (rue Edmond Bonté). Il serait situé sur l'actuelle place Alphonse Daudet et n'aurait eu qu'un seul bassin.
S’en suivent des échanges de courriers divers et redondants pendant trois ans. Mr Mercier, voisin du Général et avocat honorable, ayant les mêmes intérêts, rédige une pétition. Mais l’adjoint au Maire, Mr Ruelle enquête auprès des voisins de la rue du Pont et tous « ont déclarés n’avoir éprouvé aucune incommodité et n’avoir aucune plainte à faire ». Il précise qu’ il n’y a pas eu inhalation ayant engendré des maladies ». Suite à une proposition du Ministre de l’Intérieur, le Maire suggère la construction d’un puisard absorbant ou des rigoles.
Le Général à qui seul ces travaux profiteraient, refuse de les exécuter et de les payer.
Mr Mercier écrit au Maire le 8 février 1857 et explique que par un décret impérial du 28 décembre 1856, un crédit extraordinaire de trois millions de francs est alloué au Ministère de l’Intérieur pour des travaux d’intérêts communaux, d’hygiène et de salubrité.
Comme il y a eu deux poursuites judiciaires et administratives « pour obliger la Commune à diriger et à conduire les eaux de son lavoir à la rivière de Seine, ce qui lui prescrit un rapport de comité de salubrité ».
Comme la Commune est démunie car, depuis quarante ans, elle a dû se doter d’édifices communaux depuis la Révolution. Ce qui représente des charges considérables : presbytère, maison communale, écoles de filles et de garçons, restauration de l’église et du clocher.
Il conseille au Maire de demander du crédit pour ces travaux de canalisations.
Il ajoute que les récoltes de fruits sont « tombées en pourriture avant maturité ».
En 1859, le Général et Mr Mercier co-signent un mémoire contre la Commune, accompagné d’une pétition signée par 34 voisins (dont les deux médecins). Mais, cette même année, sort une contre pétition qui dit « …jamais incommodés… »
Le Général meurt, l’affaire est reprise par son fils et héritier. Devant les tribunaux, il est débouté.
Ce fils, en 1866, se plaint au sous-préfet des eaux qui noient et rendent inhabitable sa propriété, malgré les travaux importants qu’il a engagés. Et en 1878, la Préfecture de Seine-et-Oise écrit à Mr Garraube de « rétablir dans leur ancien état les canaux dans sa propriété qui donnent passage aux eaux de la route départementale n° 30 ».
Dans un extrait des Délibérations du 8 juillet 1904, on apprend qu’un certain Mr Boissière fait un don anonyme de 4000Fr, « à la condition que l’égout de la rue du Pont serait continué jusqu’au lavoir communal pour recevoir toutes les eaux provenant des rues et du lavoir. » La Commune « déclare que Mr Boissière sera déchargé de l’obligation de recevoir dans sa propriété les eaux des rues et du lavoir communal. »
La Commune ne construira les premiers égouts importants que dans les années 1920. Quand au lavoir, il sera désaffecté et servira de local pour le syndicat d’initiative et pour la fanfare.
Rue du Pont, à quelques mètres face au lavoir on trouvait un établissement de bains-douches.
Construit en 1931, il est inauguré le 7 février 1932 par Monsieur Camille Blaisote, Ministre de la Santé publique.
Les aménagements comprenaient 6 cabines avec baignoires émaillées et 8 cabines de douche. Des WC à la turc pour les hommes et à cuvette pour les femmes complétaient les équipements.
En 1952, les installations sont jugées vétustes et le Maire propose le changement de la chaudière.
Cet établissement communal, a été tenu sans discontinuité par Madame Imbert puis par sa fille jusqu'au années 1960.
La construction d'habitations neuves tant dans le bas de Ris-Orangis que sur le Plateau, ont amené la fermeture des bains-douches. Pourtant, entre 1964 et 1968, les ouvriers qui travaillaient à la construction de la Grande Borne à Grigny ont pu en bénéficier. Ils étaient amenés chaque soir par camion et furent les derniers clients de cet établissement.
Depuis la fermeture des bains-douches le bâtiment, propriété de la commune, a toujours été occupé. La Société Mahé, victime d'un incendie y installe provisoirement son magasin. Une annexe de la Bibliothèque municipale y trouve refuge pendant quelques mois dans l'attente de la construction d'un local, rue du 8 mai 1945. Enfin, ce bâtiment est actuellement loué à la Poste où une annexe permet aux Rissois de ne pas être obligés de monter au Plateau pour leurs différentes démarches.
Un projet de musée municipal envisageait l'occupation d'une partie de ces locaux, côté cour. Elle accueille aujourd'hui le service municipal des archives.
Document de l'inauguration des bains-douches par le Ministre de la Santé publique, le dimanche 7 février 1932.
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