GRHL - HISTOIRE LOCALE DE RIS-ORANGIS

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L'USINE SPRINGER - PARTIE 1 : DE L'USINE PHÉNYLINE À L'USINE SPRINGER (1872-1885)

Georges Vogt par Léon Paillet (1884)
Georges Vogt par Léon Paillet (1884)

Ris-Orangis n'échappa pas à la Révolution industrielle et tout commença avec un inventeur, Georges Vogt (1843-1909), qui fut par la suite très célèbre à Sèvres pour son travail sur la céramique et la porcelaine.
En 1870, le jeune chimiste découvrit le bleu de méthyldiphénalyne et décida en 1972 de s'associer à deux autres chimistes Charles Girard (1837-1918) et Georges de Laire (1836-1908) pour créer le 25 mars 1872 la société « La Phényline ».
L'usine, située à Ris-Orangis (à l'emplacement de ce qui deviendra plus tard l'usine Springer), avait pour but le développement de matières colorantes de synthèse dérivées de la houille.
Les passionnés de chimie industrielle pourront se reporter au Tome 5 des Rapports de l'Exposition de Vienne de 1873, duquel nous n’extrairont que ce passage qui laisse entrevoir le profil de l'usine (avec ses machines et sa cheminée) :

« La Société la Phényline, à Ris-Orangis, emploie des chaudières cylindriques disposées horizontalement. Ces appareils sont complètement fermés et communiquent avec une colonne en grès qui est remplie de coke imbibé d'acide sulfurique, et dans laquelle les vapeurs nitreuses sont complètement absorbées. Ces vapeurs sont conduites dans la colonne par un appareil aspirateur. [...] »

Au 8 novembre 1875 dans le Bulletin des lois de la République Française n°313, un décret proclamait 73 Cessions de Brevets d'Invention parmi lesquelles trois licences (n°44, n°45, n°46) qui furent accordées pour quinze ans à MM. Charles Girard et Georges de Laire pour l'exploitation de nouveaux procédés dont ils avaient déposé les brevets en juin 1874.

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Malheureusement, l'implantation de l'usine à Ris-Orangis déclencha de telles plaintes de voisinage que les associés durent fermer la fabrique en 1876, à peine quatre ans après sa création. Ce ne furent pas les seules raisons évoquées : la concurrence de l'industrie allemande ou... l'incompétence administrative de Girard. Ce dernier avait d'ailleurs été accusé par un certain Poirrier, manufacturier à Saint-Denis, d'action de détournement de ses employés, mais rien ne put être prouvé (Journal Le XIXe du 9 mars 1889). Et c'est ce même François Alcide Poirrier* qui racheta la société « Phényline » tout au moins une partie des droits du brevet de de Laire déposé en 1874. (Bulletin des lois de la République, 1879). Effectivement, on ne trouve aucune continuité de la société. L'intention de Poirrier aurait été donc simplement de récupérer et d'exploiter les brevets de ses prédécesseurs dans son usine de Saint-Denis. Et peut-être aussi de tenir sa petite vengeance sur Girard.

* Alcide Poirrier fut aussi Président de la Chambre de Commerce de Paris et Sénateur de la Seine

Avant que l'usine ne soit rachetée en 1885 par le baron Hermann Springer, une demande d'occupation d'un dénommé Ury de Gunzbourg fut déposée en 1878 auprès de la municipalité afin de développer sur ces lieux une activité de transformation de sulfo-cyanure en cyano-ferrure. La demande fut rejetée par crainte de pollution. En 1879, Gunzbourg contre-attaque en proposant des compromis mais des riverains continuèrent à s'opposer à l'implantation de cette activité. Parmi eux un certain M. Lepaire qui faisait déjà partie des plaignants face à M. Girard de « La Phényline ». Il ne fut statué qu'en 1882 que M. Gunzbourg pouvait s'implanter en respectant certaines règles de transformation. Entretemps, il avait vendu son usine. (Recueil des arrêts du Conseil d'État de 1882)

En 1882, l'usine devint donc une distillerie de grains. Elle était gérée par Léon Thennevier et Cie. Malheureusement, la société se déclara rapidement, en 1884, en faillite (Archives commerciales de 1884) et en 1885, l'usine fut mise de nouveau en vente.

Petite annonce parue le 8 avril 1885 dans le journal Le Temps
Petite annonce parue le 8 avril 1885 dans le journal Le Temps

                                                                                          
                                                                                                ... Bientôt la suite ...

 

Cette article est le résultat d'un grand nombre de recherches et il pourra être encore complété. Voici les sources supplémentaires qui nous ont permis de retracer l'aventure de cette usine, avant la reprise par Springer :

 

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